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C’est l’épicurisme qui sera cette fois-ci le sujet du temps de rencontre et de débat philo proposé chaque année à la médiathèque, à travers les quelques écrits attribués à Epicure ayant survécu (trois lettres, quelques sentences et maximes…) et le De rerum natura de Lucrèce.

En se plongeant dans les écrits les plus anciens de cet éminent courant philosophique, qui n’a cessé de susciter des échos au fil des siècles, on est d’abord amené par-delà Epicure à la rencontre de Démocrite. L’épicurisme était à l’origine non seulement une sagesse mais reposait sur une physique et une conception de la nature : l’atomisme, qui est issu de la pensée du philosophe Démocrite, contemporain de Socrate, qui fit l’objet des premiers écrits de Marx et fut également un fil conducteur des recherches des années de jeunesse de Nietzsche.

On croit connaître assez bien la sagesse épicurienne, qui fait partie de toute culture générale dès le collège. Mais à explorer ce qu’on peut savoir d’Epicure, puis de Lucrèce, bien des questions se posent. Epicure passe encore aujourd’hui pour le modèle par excellence du philosophe hédoniste, et il fut très souvent caricaturé comme paresseux et débauché, cela non pas depuis le Moyen-Age, mais dès l’Antiquité, et déjà de son vivant, ainsi que l’atteste entre autres Diogène Laërce. Or son éthique, si elle vise une forme de bonheur, tient plus de l’ascétisme que de la recherche du plaisir.

Mais il y a un autre aspect plus surprenant de la pensée d’Epicure, c’est son rapport au religieux. Il est couramment admis que l’épicurisme est la philosophie antique la plus détachée de la religion, une pensée qu’on pourrait dire sinon athée, du moins, dirait-on aujourd’hui, agnostique (les dieux chez Epicure n’étant pas niés, comme on sait, mais menant une vie bienheureuse indifférente aux affaires des hommes). Or, il est pourtant incontestable qu’aussi bien dans sa conception de la nature (l’existence de dieux est conciliée de façon précise et argumentée avec le matérialisme et l’atomisme, on peut donc connaître quelque chose des dieux, en percevoir des images, et c’est en rêve que celles-ci apparaissent plus facilement) que dans son éthique (il faut s’efforcer de vivre comme les dieux), la religion grecque, à travers une véritable théologie, occupe chez Epicure une place qu’elle n’a dans aucune autre des philosophies antiques, pas même les plus idéalistes, platonicienne ou stoïcienne, beaucoup plus profondément détachées des traditions religieuses !

Du côté de Lucrèce, on a aussi quelques surprises. Plus que l’aspect philosophique, de ce qui est pour une large part, mais pour une part seulement (comme l’a démontré Pierre Vesperini) un exposé de la philosophie épicurienne, c’est la puissance de l’expression poétique qui rend son poème toujours vivant. Mais ses considérations sur la nature présentent aussi l’intérêt de proposer des hypothèses d’explications des phénomènes naturels, dans lesquelles Michel Serres voyait la naissance de la physique.

Rencontre débat ouverte à tous, entrée libre.

 

acces articleDans vos médiathèques

> Documents de et sur Epicure

> Documents de et sur Lucrèce

 

acces articleAu sujet du rapport d’Epicure et de la religion de la Grèce antique

> voir les points de vue contrastés de Marcel Conche et de Pierre Vesperini (extraits en ligne de Philosophie magazine) :

https://www.philomag.com/les-idees/marcel-conche-il-ny-a-pas-de-religion-depicure-18952

https://www.philomag.com/les-idees/epicure-et-le-religieux-en-reponse-aux-observations-de-marcel-conche-21145

 

 acces articleAu sujet de la déconstruction par Pierre Vesperini des idées reçues sur Lucrèce

> voir la vidéo de son interview à propos de son livre Lucrèce, archéologie d’un classique européen, éd. Fayard (librairie Mollat) :

 

 

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